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On sait, depuis que l'on greffe des arbres fruitiers, que le porte-greffe influe sur la variété que l'on désire propager
Ainsi, à la fin de l'année, vous pouvez voir chez les pépiniéristes ou dans les jardineries des pommiers vendus sous des formes et des tailles variées.
Ces fruitiers sont greffés sur des porte-greffes à faible croissance pour les basses tiges et à forte croissance pour les tiges hautes.
Choisir un porte-greffe c'est choisir un moteur, comme dans l'automobile où plusieurs cylindrées sont proposées sous la même carosserie.
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Quels peuvent être les critères de sélection ?
 | La facilité de se les procurer. |
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Il n'y a pas si longtemps encore les professionnels greffaient sur le "pontique" qu'ils obtenaient en grande quantité par semis.
Ce porte-greffe présente un grave défaut : il fait des rejets sous le point de greffe et ces rejets, petit à petit, prennent de plus en plus d'importance jusqu'à dominer la végétation de la plante greffée.
Heureusement cette pratique, de nos jours, a complètement disparu.
Fleurs de pontique parmi la variété greffée. |
Le semis n'en est pas moins, pour un amateur, la façon la plus simple et la plus économique de se procurer des porte-greffes en quantité : nul besoin de construire une unité de bouturage et de lui fournir l'énergie nécessaire.
L'amateur qui sème ses graines ou celles qu'il a achetées auprès des banques spécialisées peut facilement réserver quelques plantes dans ce but.
Il peut également semer des graines dans l'unique but de les utiliser comme porte-greffes. Nous verrons plus loin comment pratiquer.
Ceux qui ne sèment pas ou qui ne veulent pas soustraire un plant de leur semis pourront bouturer des variétés réputées pour leur facilité à raciner.
En France deux hybrides sont plus particulièrement employés à cet usage : le rhododendron écossais Cunningham's White pour les variétés à développement moyen, et une vieille (plus que centenaire) obtention française : le rhododendron Halopeanum que l'on réservera pour les variétés plus poussantes.
 | Son adaptabilité au sol. |
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Il faut que le porte-greffe pousse dans la plus grande variété possible de sols. Sont plus particulièrement visés les sols lourds ou avec un pH 7 ou légérement supérieur.
Les pépiniéristes allemands se sont penchés sur cette question et, après de nombreuses années de test d'abord in vitro et ensuite in vivo ont sélectionné des porte-greffes qui remplissaient ce cahier des charges.
Ils ont protégé leurs travaux et il est interdit de multiplier les rhododendrons INKARHO.
Exemple d'une patente américaine. |
Les rhododendrons INKAHRO sont issus d'un croisement entre le rhododendron Cunningham's White dont les qualités étaient connues et largement exploitées et l'espèce R. fortunei qui apporte sa puissance dans la corbeille de mariage. Les rhododendrons INKARHO ne révolutionneront pas le marché mais c'est un exploit "marketing" formidable.
Tous les articles vantant les mérites du porte-greffe Inkarho montrent la différence au bout de trois ans entre une variété greffée sur Cunningham's White et la même greffée sur Inkarho. Une photo prouve que la motte de racines et la variété greffée sont au moins deux fois plus larges sur Inkarho que sur Cunningham's White.
Qu'y a-t-il d'étonnant à cela ?
C'est comme si on mettait en compétition une souris et un éléphant en apportant la preuve que l'éléphant a pris plus de poids en 3 mois que la souris.
Le R. Cunningham's White est un rhododendron de développement moyen qui a été choisi comme porte-greffe parce qu'il racine facilement et qu'il se plait dans les sols dont le pH va jusqu'à 6.5. Il faut donc comparer ce qui est comparable.
Cunningham's Wite et Inkarho ne jouent pas dans la même catégorie.
Pour être crédible il eut fallu faire, par exemple, la même expérience entre Halopeanum (pour rester en France) et Inkarho.
Certains pépiniéristes allemands et belges spécialisés dans la greffe n'ont d'ailleurs pas cédé aux sirènes du marketing et continuent à utiliser uniquement le Cunningham's White : Timo Shroeder greffe environ 3 millions de rhododendrons par an uniquement sur Cunningham's White.
Une question reste en suspend : qu'en est-il du pH ? Jusqu'où peut aller le rhododendron Inkarho ? le "high lime tolerance" de la patente ?
La réponse se trouve dans les recommandations : il est écrit, noir sur blanc, que dans les sols dont le pH est de 7.0 ou légérement supérieur (7.5) il faut particulièrement faire attention à la préparation du sol en lui apportant de grandes quantités de matières organiques pour ... abaisser le pH. Il n'y a donc pas de miracle.
Si les avantages du porte-greffe Inkarho ne sont pas aussi révolutionnaires que la démarche marketing le laisse supposer ils sont néanmoins réels et peuvent tenter un amateur qui n'a pas d'unité de bouturage, oui, mais voilà ils sont protégés.
Par contre la façon de les obtenir n'est pas protégée.
Vous aurez besoin d'un R. fortunei
Sur lequel vous mettrez le pollen d'un rhododendron Cunningham's White.
Rhododendron Cunningham's White |
Vous obtiendrez ce que j'appelle des ficto-Inkarhos pour la rime mais vous pouvez tout aussi bien les nommer pseudo-Inkarho si le coeur vous en dit.
Rhododendrons "ficto-Inkarhos". |
Ils ne seront naturellement pas aussi "performants" que les Inkarhos sélectionnés et protégés mais rendront néanmoins un service inestimable aux amateurs dénués d'unité de bouturage et ce, sans bourse délier.
 | Equivalence de croissance avec le greffon. |
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Il faut, dans la mesure du possible, adapter le porte-greffe à la variété qui va être greffée.
Pas assez puissant.
Porte-greffe sous-dimensionné |
Trop puissant
Porte-greffe surdimensionné |
Les grandes feuilles sont un cas à part : le porte-greffe doit, en plus, présenter un diamètre adapté à la grosseur du scion.
Aux Etats-Unis c'est le R. calophytum qui est utilisé et je suppose (j'avoue ne jamais avoir posé la question) qu'il est obtenu par semis.
On peut raccourcir les délais en bouturant le R. Babylon, hybride de R. calophytum, qui racine plutôt facilement.
Sans unité de bouturage l'amateur se tournera vers le semis de ...grandes feuilles, que les graines aient été pollinisées manuellement ou non.
Semis de grandes feuilles : graines pollinisées naturellement. |
Enfin, il semble que l'on puisse utiliser des porte-greffes et des greffons de polyploïdies différentes sans autre problème que celui d'adapter leur puissance.
Porte-greffes tétraploïdes |
Ces porte-greffes tétraploïdes se sont révélés néanmoins légèrement surdimensionnés pour des Loderi Sir Edmund.
Loderis Sir Edmund greffés sur porte-greffes tétraploïdes |
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Photos et texte de Marc Colombel
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